Source: https://www.lefigaro.fr/decideurs/emploi/l-allemand-devient-la-langue-etrangere-la-plus-recherchee-par-les-employeurs-britanniques-20190411
Une étude réalisée par le site d’offres d’emploi Indeed montre que l’allemand est désormais la langue étrangère la plus prisée outre-Manche. Mais à l’approche du Brexit, un risque de déficit linguistique plane sur le marché du travail britannique.
La mondialisation est aussi celle du langage. C’est par ce constat que la plateforme américaine Indeed, spécialisée dans le regroupement d’offres d’emploi, introduit une étude menée à partir de ses données au Royaume-Uni. Bien que l’anglais soit la langue de référence au niveau mondial, le besoin de locuteurs étrangers pour les entreprises britanniques demeure important. Pour la première fois depuis des années, l’allemand est devenu la langue la plus recherchée outre-Manche selon Indeed, juste devant le français.
Les offres d’emploi précisant l’obligation de parler allemand ont augmenté de plus de 10% au cours des trois dernières années. Parallèlement, les demandes concernant la langue française connaissent une très légère progression: une compétence de moins en moins rare outre-manche, tant la présence de nos compatriotes y est importante. Selon les données du consulat de France à Londres, plus de 300.000 Français résident actuellement au Royaume-Uni, dont trois quarts dans la capitale britannique. Indeed précise également que les profils parlant couramment chinois complètent le podium .
Mais les entreprises britanniques ont bien du mal à satisfaire leurs besoins, et de nombreux emplois restent vacants. Le Brexit, dont la date a été reportée au 31 octobre, en est le principal responsable. «L’incertitude semble dissuader les travailleurs de déménager jusqu’ici», indique Bill Richards, directeur général d’Indeed pour le Royaume-Uni, au quotidien The Independent. Une autre raison est à trouver dans la dégradation de l’apprentissage des langues dans le système éducatif anglo-saxon, selon Indeed. Une situation préoccupante, au point que Bill Richards pointe le risque d’un «déficit linguistique» dans les prochaines années. Une difficulté de plus dont le Royaume-Uni se serait bien passé.
L’Allemagne manque de techniciens et d’informaticiens
C’est l’acronyme magique, le quatuor gagnant sur le marché du travail
allemand. Les diplômes et qualifications en « MINT » (entendez « mathématiques,
informatique, sciences, techniques ») donnent facilement accès à des emplois
(très) bien payés. Pourtant, c’est un paradoxe : les entreprises peinent à recruter
ces profils. Selon une étude, ils sont devenus de véritables perles rares.
À la fin du mois d’avril, il manquait en Allemagne près de 315 000
personnes titulaires de qualifications en « MINT », vient de révéler l’institut
d’analyse économique IW. C’est 77 000 de plus qu’en avril 2017. Et c’est le
chiffre le plus élevé jamais enregistré depuis la création de ce baromètre
commandé deux fois par an par différentes fédérations patronales (BDI, BDA,
Gesamtmetall), en 2011.
Les profils les plus recherchés ne sont plus les ingénieurs, comme il y a
quelques années. Ce sont les travailleurs qualifiés, les agents de maîtrise et
les techniciens. La révolution numérique, qui déferle sur le monde de
l’entreprise, est passée par là. Elle est l’un des principaux moteurs de ce
besoin en profils « MINT » : il manque aujourd’hui deux fois (39 600)
d’informaticiens en Allemagne qu’en 2014.
L’effet
amortisseur de l’immigration
Selon les auteurs de l’étude, la situation serait toutefois pire… sans
l’immigration. Les conditions d’octroi d’un droit de séjour font qu’elle attire
surtout des diplômés de l’université. Ainsi, près de 42 000 postes d’ingénieurs
et d’informaticiens ont été pourvus grâce à des diplômés étrangers depuis 2013.
Au total, l’Allemagne comptait près de 600 000 étrangers titulaires de
qualifications en « MINT » en avril 2018. Parmi eux se trouvaient 8 700
diplômés d’université indiens, 7 250 diplômés italiens, 6 800 diplômés
espagnols, 6 400 diplômés français et 6 100 diplômés chinois.
Depuis peu, les entreprises s’intéressent aussi au profil des réfugiés.
Selon l’étude de l’IW, 16 400 Érythréens, Irakiens, Afghans et Syriens
occupaient déjà un emploi scientifique ou technique à l’automne dernier en
Allemagne. Ils étaient moitié moins nombreux un an auparavant.
Mais si l’immigration pallie certains problèmes, elle ne suffira pas à
remédier au manque de scientifiques et de techniciens au cours des années à
venir, estiment les spécialistes. Le problème est, en effet, structurel. Il est
lié au départ à la retraite des générations nombreuses du baby-boom, qui va
s’accélérer dans les prochaines années.
Ces dernières années, les programmes d’orientation proposés aux jeunes ont
porté leurs fruits : ils ont attiré davantage d’étudiants – et d’étudiantes -
dans les filières « MINT ». Mais cela risque d’être insuffisant alors que la
révolution numérique fait exploser les besoins.
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